Bastelica est la patrie de Sampiero Corso le plus célèbre des Corses avec Pascal Paoli et Napoléon Bonaparte. Bastelica fait partie de ces villages de montagne, implantés au coeur de la Corse, où l’authenticité, les valeurs ancestrales et les traditions sont encore ancrées au coeur des Corses. Avec sa station de ski du Val d’Ese (1600 m d’altitude) Bastelica accueille chaque hiver des milliers de skieurs. Vous pourrez même skier avec une vue imprenable sur le Golfe d’Ajaccio, un rêve ! Située dans le Parc Naturel régional de Corse sur les pentes du Monte Renoso qui culmine à 2352 mètres d’altitude, la commune est riche de son patrimoine architectural, fours a pains, maisons de caractère, son église Saint-Michel, etc.
C’est dans le quartier de Tricolacci, sur une placette, que vous pourrez voir le buste en bronze de Sampiero Corso. Cette scuplture est l’oeuvre du sculpteur Bastiais Louis Patriarche, commandée en 1937 par l’état Français. Le village renferme bien des trésors d’architecture. L’imposante école communale en pierre de taille, les maisons du 18 ème siècle avec leurs motifs sculptés, chapelles, fontaines et fours à pains.
Les fours à pains sont présents dans chaque « quartier ». Construits en moëllons de granite, les fours sont abrités par une structure en bois sur deux poteaux, couverte de tuiles canal. C’est là, à tour de rôle, que les villageois en d’autres temps, venaient faire cuire leur pain pour la semaine.
En Corse, dans presque chaque hameau, on trouve encore des vestiges de four à pains ou comme à Bastelica, des fours en état de fonctionner. Au 19 e siècle, la démographie est à son maximum, dans les villages des montagnes Corses et I Forni, les fours à pains, fonctionnent à plein régime. Le samedi était consacré à la fabrication du pain. Il n’y avait pas de boulanger dans les villages et chaque famille fabriquait elle-même sa fournée de pain pour la semaine.
La fabrication du pain et « bastelle »
Dans un coin de pétrin, le samedi précédent, les femmes avaient laissé un pâton qui au bout de quelques jours était devenu gris et aigre (le « ruime », le levain). Le vendredi soir, elles délayaient le « ruime » avec un peu d’eau tiède, elles y ajoutaient un peu de farine, puis elles laissaient ce nouveau pâton reposer et fermenter jusqu’au lendemain. Le samedi elles pétrissaient la pâte à pain avec ce levain, un peu de farine, de l’eau et un peu de gros sel dissous dans un peu d’eau tiède. Cette pâte était ensuite couverte d’un linge, on rabattait dessus le couvercle du pétrin et on la laissait lever. Quand la pâte était gonflée à point, elle était « spianata » c’est-à-dire découpée en pâtons que les femmes déposaient dans des linges sur la planche à pain, une planche bordée sur trois côtés, longue de près de 1m75 et large de 50 centimètres.
On chauffait le four avec des fagots de bois séchés d’avance, bois d’arbousier, de ciste, de bruyère. Avec une longue gaule appelée « rastulu » on éparpillait les branches emflammées et on égalisait les braises sur la sol du four. Lorsque les briques de la voûte blanchissaient, avaient une teinte bien connue des ménagères, on savait que le four était à bonne température. Alors, avec un long balai appelé « mondulu« dont l’extrémité était faite d’un bouquet de ciste vert, on balayait la sole et on ramenait cendres et braises à la bouche du four. Ensuite, avec une pelle en bois, au long manche, on enfournait chaque pâton de pain, en commançant par garnir le fond du four et en laissant la partie du four près de l’ouverture, moins chaude que le fond, pour cuire les « bastelle« . Dans les cendres chaudes, enfin, les femmes faisaient cuire des pommes de terre dans leur peau.
Les quatre ou cinq ménagères qui devaient cuire le pain dans le même four, le faisaient en respectant un ordre bien établi. La première à opérer, appellée « durrudaghia » était celle qui prenait le plus de peine car elle se levait à l’aube pour pétrir sa pâte et c’était elle qui employait le plus de bois pour la chauffe, le four étant froid depuis une semaine.
Chaque famille ne faisait jamais le pain sans confectionner des « bastelle« . Les « bastelle » étaient des chaussons faits avec de la pâte à pain et fourrés d’une garniture qui variat suivant les saisons et les productions du jardin potager : oseille sauvage (romicia) laiterons, pissenlits ou blettes, chou, oignon ou citrouille. Les plus prisées étaient les « bastelle » à l’oignon ou à la citrouille. On coupait ces légumes en menus morceux, on les laissait dégorger au sel, puis on les serrait entre les mains pour en exprimer l’excès d’eau. Ensuite, dans un grand saladier on les assisonnait d’huile d’olives et d’un bon peu de poivre moulu et on ajoutait enfin à cette garniture des morceaux de brocciu salé. On étendait ensuite des carrés de pâte à pain, de la grandeur d’une feuille de chaier, on garnissait le milieu avec quelques cuillerées de préparation puis on relevait les quatre coins pour les rejoindre au milieu de la bastella. On pinçait ensuite la pâte suivant les diagonales pour bien fermer le chausson qui ressembalit à l’enveloppe d’une lettre. On applatissait ces chaussons avec la paume de la main sans doute pour en chasser l’air et bien répartir la garniture puis on les faisait cuire à même la sole du four. Ces « bastelle » faites de pâte à pain, de légumes et de brocciu constituaient à elles seules un repas complet. De fait, chaque samedi, soit à midi soit le soir, selon que les ménagères cuisaient leur pain dans la mtinée ou dans l’aprés-midi, il n’y avait que des « bastelle » sur la table pour le repas de famille.
Pour la Toussaint les femmes confectionnaient les « bastelle di i morti » (les bastelle des morts). Celles-ci étaient fourrées de brocciu salé écrasé et mélangé à des grains de raisins noirs qui, en cuisant teintaient pâte et brocciu de rose et de violet.