La corse, l’île de beauté, destination privilégiée du tourisme classique et des trekkeurs venant se mesurer au GR20, est aussi un exceptionnel territoire à découvrir à cheval.
A Cheval en Corse, pionnier des randonnées équestres en Corse, organise des circuits à la semaine ou sur de plus longues périodes. Ce récit fait suite à une randonnée dans la montagne du sud de la Corse.

PCopyright Grégory Rohartendant une semaine, nous avons suivi d’anciens sentiers de transhumance accompagnés de nos chevaux corses et d’une mule de bât pour le transport du matériel collectif. Chaque cheval était équipé de sacoches et d’un boudin arrière pour le rangement des affaires personnelles (vêtements, nécessaire à toilette, appareil photo…).

Partis de Barracci, près de Propriano, nous avons rejoint le plateau de Coscione au pied du Monte Incudine (2134 m) avant de revenir vers la mer, point de notre départ.

De la mer à la montagne

Hier soir, les participants à la randonnée équestre ont fait connaissance à la ferme de Barracci : Réka et Peter, un couple de hongrois, Lucie et Rudy, un couple d’hollandais, Elizabeth, qui a déjà participé à la randonnée littorale d’A Cheval en Corse, Lucie, notre benjamine du groupe et Emmanuel, notre guide. Un groupe cosmopolite où l’usage de l’anglais et du français s’immiscera comme un soupir…

Ce matin, après avoir préparé les chevaux, nous quittons le golfe de Valinco vers la montagne. Nous remontons la D257 que nous quittons rapidement pour une piste forestière qui monte vers Fozzano. Quelques beaux points de vue sur la mer. ça sent le maquis plein les narines. Nous y sommes. Le doute s’installe : vais-je avoir le niveau d’équitation requis ? C’est en effet, ma première randonnée à cheval sur plusieurs jours. Et nous partons pour une semaine…

Copyright Grégory RohartPar un petit sentier, nous rejoignons Fozzano et contournons Punta di Sirau pour emprunter le sentier de randonnée pédestre Mare a Mare sud. Nous entrons dans l’enceinte du Parc Naturel Régional de Corse à partir du col d’Altanarja (670 m). Face à nous les montagnes du sud de la Corse. Le versant Taravu est dominé par le Monte Incudine (2134 m) et le plateau du Cuscionu qui constituent un véritable château d’eau pour la Corse du sud. A l’ouest, le massif du Renosu (2357 m) et le plateau d’Ese surplombent Bastelica, village natal de Sampiero Corsu.

Nous descendons vers Loreno di Tallano et installons un peu plus loin notre bivouac au bord de la rivière Rizzaneze. A l’arrivée, chacun s’occupe de son cheval, lui donne sa musette d’avoine et le laisse quelques instants se rouler sur le sol. Un peu plus tard, chacun dans son coin, s’adonnera à la toilette journalière dans l’eau fraîche de la rivière.
Ce soir est un soir particulier. Nous sommes le 9 juillet 2006, jour de la finale de la coupe du monde de football entre la France et l’Italie. Pas de télé sur le bivouac. Tel un misanthrope, je m’isole dans le casque de ma radio mp3 et écoute la défaite des bleus.

Le lendemain, nous grimpons vers Altagène, charmant village d’une quarantaine d’habitants qui en comptait plus de 200 il y a un siècle. Au centre à 625 mètres d’altitude, se dresse la paroisse San Pantaleone dotée d’un élégant clocher. Cette église, en granit, comme la plupart des maisons du village, remplace depuis le 17ème siècle un sanctuaire plus ancien. Nous profitons de notre passage pour faire boire les chevaux. Ils en ont eu bien besoin car une grosse montée a suivi entre le village et Punta di Serradu (1033 m).

Copyright Grégory Rohart Nous la faisons en plusieurs étapes. Nous mettons pied à terre en chemin pour soulager les chevaux lorsque le terrain devient difficile. Au 1/3 de la montée, pause repas à l’ombre d’un châtaignier suivi d’une petite sieste. Au moment du départ, la pluie commence à tomber et le tonnerre gronde. Depuis plusieurs jours, le temps est lourd et le ciel chargé de nuages bas. il fallait que ça tombe ! Nous partons, cape de pluie sur les épaules, vers Punta di Serradu.
La pluie froide tombe drue puis s’estompe à hauteur du col pour disparaître sur son versant nord est. Tant mieux même si nous sommes trempés. Car c’est le moment de notre premier galop : Une belle chevauchée sur le haut plateau de Serradu. Ce galop me rassure… La semaine va bien se passer !

Le sentier descend par de grands lacets à travers une belle forêt de chênes et rejoint une piste qui mène à une bergerie. Elle sera notre lieu de bivouac face aux splendides aiguilles de Bavella.

La montagne Corse

Copyright Grégory Rohart1000 mètres de dénivelés positifs nous attendent pour cette troisième étape de la randonnée. Nous remontons un ruisseau par une jolie pinède et récupérons le sentier Mare a Mare sud par une piste large et dégagée. Direction Quenza, dernière étape civilisée du parcours. Construit sous Napoléon III sur un versant du massif de Bavella, Quenza est un village ancien de caractère connu pour son architecture sacrée et sa formidable situation au coeur de l’Alta Rocca. Petite halte pour faire boire les chevaux à la fontaine du village.

Nous poursuivons vers le nord par un sentier qui monte aux bergeries de Finosa. Nous nous mettons en équilibre sur nos étriers pour diminuer le poid situé sur l’arrière train des chevaux. La végétation change à mesure que nous prenons de l’altitude : les forêts laissent place à une lande rase où thyms, fougères et arbustes maquisards servent de décor. Les odeurs, omniprésentes, percent l’ odorat. Je suis bercé dans un nouveau monde.

Assis contre un châtaignier solitaire, je me coupe une rondelle de saucisson, tout en regardant face à moi, un érable centenaire se dressant majestueusement dans cette plaine. A la queue le le, les cavaliers poursuivent leur entrée dans la montagne Corse. Ici, aux abords des plateaux d’alpage, nous pénétrons dans un monde de rude douceur où courent de petits ruisseaux et vagabondent tranquillement des animaux en liberté (vaches, taureaux, chevaux…).

Les calanches de Piana

Copyright Grégory Rohart C’est le cœur de la Corse qui bat ici. Des siècles durant d’innombrables familles affluaient sur ce plateau au moment de la transhumance. Au rythme de notre avancée, nous décelons d’anciennes bergeries détruites par le temps. C’est dans l’une d’elles, retapées par A Cheval en Corse, que nous ferons étape cette nuit. Chiralbella est un lieu unique où règne une grande paix. Ce soir, les chevaux ont le droit à leur espace de liberté : pas d’allonge accroché à un arbre, juste le haut plateau à perte de vue.

Le rocher d’Ota

Au petit matin, nous traversons le plateau de coscione, lieu étrange, silencieux et sauvage, offrant une physionomie eurosibérienne accusée (hêtre, sapin, aulne odorant, pozzines) et correspondant à un climat relativement nébuleux humide et froid. Son relief vallonné, ses nombreuses sources et ruisselets, ses pozzines très développées lui Copyright Grégory Rohartconfèrent un aspect riant, unique dans l’île. L’intérêt floristique du site est exceptionnel : Trisetum conradiae, Trisetum gracile, Aconit de Corse (Aconitum corsicum ) et Herniaire de Litardière ( Herniaria latifolia). On y trouve également l’unique population de cerfs de Corse qui vient d’être réintroduit en 1998 et le mouflon.
Nous partons dans un galop sous le regard imposant du Monte Incudine (2134 m), le plus haut sommet de Corse du sud. Nous croisons des chevaux sauvages. Je me crois dans une autre époque… Nous poursuivons notre voyage et passons les bergeries de Frauletu. Cap sur la Punta di Giavingiolu. Le sentier descend, croise des espaces isolés de toute civilisation jusqu’à traverser une route. Retour rapide à notre époque. Nous la traversons, accédons à une forêt de hêtres par une piste et rejoignons la bergerie de Mela pour passer la nuit.

Retour vers le Golfe de Valinco

Copyright Grégory Rohart Nous quittons, pour cette courte étape, les larges frondaisons des hêtres pour pénétrer dans la forêt de pins. Nous restons une dernière fois en montagne avant de descendre vers le golfe de Valinco où nous avons pris le départ.
Nous progressons jusqu’au sentier qui passe le long des crêtes et domine les deux vallées. Le ciel est sombre et le tonnerre éclate dans les vallées alentours. L’air devient lourd et se charge en électricité. Nous devons presser le pas malgré la beauté des lieux. Mieux vaut éviter le tonnerre et l’orage !

Nous passons Punta di Cavaletti (1414 m) et d’autres sommets voisins, croisons des zones brûlées par la foudre. Nous entamons la descente. Au pied d’étranges chaos granitiques à qui l’érosion du vent a donné forme, nous faisons l’étape de midi. Comme par magie, le temps s’est assagit. Tranquillement, nous pouvons déguster salade et charcuterie Corse avant de faire la sieste.

A pied, nous descendons vers le col de Saint Eustache. José nous accueille dans sa buvette estivale et chacun boit un verre, moment de détente et de retour à la civilisation.
Une grosse demi-heure encore pour rejoindre une cabane de pierre au au cœur de la forêt de Val di Mala. Nuit magique sous les pins à la lumière des étoiles.
La traversée de la forêt de Val di Mala se fait en grand silence. Nous croiserons notre dernier taureau, farouche celui-là, avant de partir pour notre ultime galop sur un sol sablonneux où abondent aiguilles et pommes de pins. Un vent délicieux porte les odeurs de résine, à l’heure où nous pénétrons dans la forêt des quatre communes de Vijanu.

Copyright Grégory Rohart L’étape de ce midi se fait au village abandonné de Vera. La plupart des habitants de ce petit hameau étaient vignerons et les larges portes des maisons où l’on entreposait les grandes cuves témoignent de ce passé. Nous faisons halte au pied du village.

Durant tout l’après midi, nous ne quitterons plus la mer des yeux. Elle fait face à nous. On la touche presque en etendant la main. Le maquis a remplacé la forêt. Nous chevauchons à travers des sentiers si étroits que nous nous griffons aux épines des arbustes. A mesure que nous approchons du golfe, le bleu de la mer s’affirme et l’on distingue nettement la bande argentée des plages qui ourlent le Valinco. La nostalgie s’installe. C’est déjà fini. Après un dernier repas en commun, nous nous quittons, heureux des instants vécus ensemble.

Un grand merci à Gregory pour sa participation.
Contact: Grégory Rohart

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Promenades équestres en Corse

Un galop au ras de l’écume pour se souvenir qu’un cheval, c’est avant tout un compagnon de liberté. Une lente progression au cœur des montagnes pour réapprendre la beauté de la nature et la mesure de l’homme.

Et des hommes, aussi, il en sera évidemment question au cours du voyage. Les rencontres, les amitiés que l’on noue au fil d’une randonnée équestre à travers ce pays où l’on mesure un homme à la force de son caractère, à sa générosité, à la connaissance du territoire où il évolue, à tout ce qui construit des individus différents.

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