C’est le petit matin à Santa-Reparata-di-Balagna, village de Balagne en haute corse. Les lumières aux fenêtres des maisons, indiquent que les hommes sont déjà debout. Le jour n’est pas encore levé les chasseurs font le plein de leurs cartouchières et inspectent leurs fusils.
Dehors, impatients, les chiens appellent leurs maîtres. Bientôt le rassemblement aura lieu sur la place du village, chasseurs et chiens à l’arrière des camionnettes.
Avec leurs vêtements sombres, les hommes auront un avantage sur le gibier dans l’épais maquis.
En corse, le sanglier « U cignale » est le gibier de prédilection des chasseurs, vedette d’une chasse spectaculaire qui rassemble encore la communauté villageoise. Suite à la seconde guerre mondiale, les cultures et les propriétés agricoles qui favorisaient la croissance du petit gibier (perdrix, lièvres, grives…) ont été progressivement délaissées. Le maquis qui a envahi ses terres oubliées est devenu l’habitat privilégié des sangliers.
José Savelli, le chef de battue, évalue le nombre de chasseurs, « il en manque, nous sommes 16 d’habitude ». Il se rappelle quelques années en arrière, ou il n’y avait qu’une seule équipe au village. Mais des chiens ont suscités de la jalousie chez certains chasseurs, tout ça à semé la zizanie et a fini par diviser l’équipe.
José Savelli s’adresse à ses amis chasseurs qui l’entourent. Le chef, en langue corse, définit le périmètre de la chasse et place chaque homme à un poste ou il aura un rôle bien défini à jouer. L’équipe se divise alors en deux parties. D’un côté les rabatteurs, e voce (les voix), et de l’autre les tireurs, i pustaghjoli (les postes). Le groupe des rabatteurs est composé des personnes âgées, dont le tir est devenu imprécis, puis des plus jeunes qui font leur initiation à la chasse. Ce sont eux qui lâcheront les chiens sur les traces du sanglier. Les tireurs quant en eux, ils auront le privilège de tuer U Cignale. Aux aguets, immobiles, sur les lieux de passage de la bête noire, ils sont prêts à tirer.
Lorsque le sanglier est débusque par les chiens, explique José, les rabatteurs font du bruit, en criant et en tirant des coups de fusil. Le but étant de diriger le sanglier vers les tireurs postés.
La stratégie de chasse est définie, l’équipe peut maintenant se rendre jusqu’au lieu de la battue, à quelques kilomètres du village. Arrivés sur place, les hommes commencent à grimper dans la montagne, suivis de près par les chiens. José ferme la marche. Il avance lentement, accompagné de ses chiens de race corse (u cursinu).
Une heure plus tard, José porte ses jumelles a ses yeux et vérifie que tous le monde est à son poste.
Il conduit ses chiens sur les traces du sanglier et les lâche, en donnant le signal aux autres rabatteurs postés plus loin. A leur tour ils libèrent les chiens qui s’élancent en aboyant.
Au loin on entend Jean Poli, encourageant la meute lancée sur les traces du sanglier. Soudain, José s’immobilise et montre du doigt un groupe de cochons sauvages à une dizaine de mètres. Au milieu de la horde, U Cignale remue la terre. D’un geste assuré José arme son fusil, s’approche doucement, épaule puis tire. Le gros sanglier s’enfuit en couinant. Aussitôt, José se lance sur sa piste. Des branches cassées et des traces l’amènent sous un chêne ou le sanglier est au milieu des cochons sauvages. Les sangliers utilisent cette ruse afin que les chiens ne sentent pas leur odeur. José fait une nouvelle approche et tire. Le sanglier crie, s’écroule au point que son groin touche le sol.
José vient de tuer une belle bête de près de 95 kg.
La battue se termine, un à un, les rabatteurs qui ont récupérés les chiens et les tireurs postés à plus de 1200 m d’altitude, rejoignent les voitures.
José est heureux. À son âge il vient de réaliser un exploit.
Domaine de Murtoli : Chasse petit et gros gibier
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Domaine de chasse de la Vallée de L’Ortolo